Choisir un sextoy en couple lesbien peut être une expérience à la fois excitante et intimidante. Quand j’écris sur la sexualité entre femmes, je vois souvent la même difficulté revenir : comment trouver un sextoy qui respecte les envies, les limites et les sensibilités de chacune, sans créer de malaise ou de comparaison avec le pénis ou la pénétration “à tout prix” ? Dans cet article, je partage une approche lente, respectueuse et concrète pour aider un couple lesbien à choisir un sextoy adapté, en misant sur la communication et l’écoute mutuelle.
Clarifier vos désirs avant d’acheter un sextoy lesbien
Avant même de regarder un catalogue de sextoys pour couples lesbiens, je conseille toujours de commencer par une conversation intime, sans écran ni boutique. L’idée est de répondre à une question simple : qu’est-ce que chacune cherche à vivre avec ce sextoy ?
Quelques pistes de réflexion utiles :
- Souhaitez-vous surtout intensifier le plaisir clitoridien (vibromasseur, stimulateur clitoridien) ?
- Y a-t-il un désir de pénétration vaginale ou anale (gode, dildo, plug) ?
- Enviez-vous la sensualité du port d’un harnais et le jeu de rôle autour du strap-on ?
- Recherchez-vous plutôt un sextoy à utiliser ensemble ou un jouet individuel à prêter/alterner ?
- Y a-t-il une envie d’explorer doucement de nouvelles pratiques (double pénétration, stimulants anaux, accessoires bondage très soft) ?
Formuler ces envies permet d’éviter d’acheter un sextoy parce qu’il est “à la mode”, alors qu’il ne correspond pas à votre sexualité réelle. Beaucoup de couples lesbiens réalisent au passage qu’elles n’ont pas besoin d’un gros godemichet réaliste, mais plutôt d’un bon vibromasseur externe ou d’un double gode plus souple, plus féminin dans son esthétique.
Parler des limites, des appréhensions et du passé sexuel
Choisir un sextoy en couple lesbien ne se résume pas à aligner les fantasmes. C’est aussi une opportunité pour parler des limites de chacune, des zones “non négociables” et parfois des blessures passées. Je trouve essentiel de poser ces questions en amont :
- Y a-t-il des zones du corps à ne pas toucher ou à approcher avec beaucoup de douceur ?
- La pénétration vaginale ou anale est-elle confortable, douloureuse, neutre, inconnue ?
- Y a-t-il des expériences négatives passées avec des partenaires ou des sextoys ?
- Certaines formes (pénis réaliste, harnais, double pénétration) sont-elles potentiellement déclenchantes ou inconfortables psychologiquement ?
Mettre ces éléments sur la table n’enlève rien au désir, au contraire. En couple lesbien, le sextoy peut rapidement devenir un symbole : comparaison avec un partenaire masculin, crainte que le plaisir de l’une passe forcément par la pénétration, peur d’être “remplacée” par le jouet. Nommer ces peurs permet d’apaiser cette charge symbolique.
Les principaux types de sextoys pour couples lesbiens
Une fois le cadre posé, vient le moment, souvent ludique, d’explorer les grandes familles de sextoys adaptés aux couples lesbiens. Voici ceux que je vois le plus souvent utilisés :
- Vibromasseurs clitoridiens : petits, faciles à manier, parfaits pour un plaisir externe à deux. Idéal si l’une ou les deux n’aiment pas la pénétration.
- Stimulateurs à ondes de pression : ils se concentrent sur le clitoris sans forcément le toucher directement. Souvent appréciés par celles qui trouvent les vibrations classiques trop agressives.
- Dildos / godemichets : sans vibration ou vibrants, de formes et tailles variées. Ils peuvent être utilisés à la main, avec un harnais, ou en double gode.
- Strap-on et harnais : un gode fixé sur un harnais (ou un dildo “strapless” tenu par contraction vaginale). Ils permettent à l’une de “porter” la pénétration, ce qui peut être très excitant sur le plan érotique et symbolique.
- Godes doubles / double dildos : un jouet en forme de S ou d’arc, pour que les deux partenaires ressentent la pénétration en même temps.
- Plug et sextoys anaux : utiles si l’une ou les deux ont un intérêt pour la stimulation anale, en insistant toujours sur la lubrification et la progressivité.
- Anneaux vibrants, stimulateurs de couple : certains modèles, initialement pensés pour couples hétéros, peuvent aussi convenir à deux femmes en les positionnant différemment sur le pubis ou entre les vulves.
Chaque type de sextoy lesbien correspond à une dynamique différente : donner/recevoir, être active/passive, se connecter ou se retrouver chacune dans son plaisir. Observer ce que vous avez envie d’incarner dans le jeu érotique peut aider à choisir.
Critères essentiels pour bien choisir votre sextoy en couple
Au-delà de la forme, quelques critères reviennent systématiquement lorsque je teste ou analyse des jouets pour femmes qui aiment les femmes.
- Matière : privilégiez le silicone médical, lisse, non poreux, hypoallergénique. Évitez les plastiques douteux, le jelly ou le PVC bon marché.
- Taille et ergonomie : ne partez pas sur un gode immense “pour faire comme dans les films”. En général, une taille moyenne, courbée, est plus confortable. Pour un premier strap-on, je conseille un gode plutôt fin et pas trop long.
- Souplesse : pour un double gode ou un sextoy partagé, une certaine flexibilité évite les douleurs et facilite les ajustements de position.
- Niveau sonore : si vous êtes en colocation ou dans un environnement peu discret, un vibromasseur silencieux peut faire une vraie différence sur la détente.
- Alimentation : rechargeable par USB, c’est l’idéal. Les piles sont moins pratiques et souvent moins puissantes.
- Étanchéité : un sextoy waterproof élargit les possibilités (douche, bain) et facilite le nettoyage.
- Prix : il n’est pas nécessaire de viser le très haut de gamme pour un premier achat, mais en dessous d’un certain seuil de prix, la qualité, la sécurité et la durabilité sont souvent compromises.
L’important est de choisir un sextoy qui corresponde à vos corps, à vos gestes et à vos habitudes sexuelles, plutôt qu’un modèle ultra sophistiqué mais intimidant et finalement peu utilisé.
Respecter le corps de chacune : douleur, plaisir et consentement permanent
Dans un couple lesbien, il est fréquent que l’une des partenaires ait des sensibilités particulières : vaginisme, douleurs à la pénétration, endométriose, cicatrices, ou simplement une vulve très réactive. L’introduction d’un sextoy doit se faire avec un consentement évolutif, c’est-à-dire revérifié à chaque étape :
- On regarde le sextoy ensemble, on le touche à l’extérieur, contre la cuisse, le ventre, la vulve, sans pénétration.
- On teste le niveau de vibration, la pression, la façon dont il glisse.
- On reste à l’écoute des signaux corporels : crispation, retenue du souffle, rire nerveux, changement dans la lubrification.
- On rappelle explicitement qu’un “non” ou un “stop” est toujours possible, même après plusieurs minutes de jeu.
Je conseille de considérer le sextoy comme un invité dans la relation, pas comme un passage obligé. Vous pouvez parfaitement l’abandonner en cours de route si l’une ne se sent plus à l’aise, sans chercher à “rentabiliser” l’achat.
Hygiène, entretien et partage d’un même sextoy
Les couples lesbiens partagent souvent les mêmes sextoys, ce qui impose quelques règles d’hygiène simples, mais importantes :
- Laver systématiquement le jouet avant et après chaque utilisation avec de l’eau tiède et un savon doux ou un nettoyant spécialement conçu.
- Éviter de passer d’un orifice à l’autre (anus/vagin) sans le laver ou sans utiliser un préservatif sur le sextoy.
- Pour les godes ou sextoys très partagés, utiliser parfois un préservatif peut simplifier le nettoyage et limiter les risques d’infections.
- Ranger les sextoys dans une pochette propre, à l’abri de la poussière et de la chaleur.
Si l’une des partenaires a des IST ou une flore vaginale très déséquilibrée, la question du partage des sextoys doit être abordée de façon transparente, sans tabou. L’objectif est de créer un environnement érotique sain, physiquement et émotionnellement.
Choisir ensemble : boutique, achat en ligne et dimension psychologique
Le moment de l’achat du sextoy lesbien est déjà un acte érotique en soi. Plusieurs options s’offrent à vous :
- Boutique spécialisée : l’avantage est de pouvoir voir, toucher, poser des questions. De plus en plus de sex-shops sont “friendly”, inclusifs et bienveillants.
- Achat en ligne : plus discret, idéal si vous êtes timides. Lisez attentivement les descriptions, les avis d’utilisatrices, et privilégiez les sites reconnus.
- Repérage à deux : même en ligne, je recommande de faire la sélection ensemble, de commenter les formes, les couleurs, les idées que chaque sextoy évoque.
Ce temps de choix à deux est souvent révélateur : certains jouets déclenchent un sourire complice, d’autres un recul, ou au contraire un “tiens, pourquoi pas ?”. C’est une manière indirecte de cartographier vos fantasmes, vos curiosités et vos limites.
Prendre le temps d’apprivoiser le sextoy dans la durée
Une fois le sextoy arrivé chez vous, je recommande de le considérer comme un nouvel outil de jeu, pas comme la pièce maîtresse immédiate. Vous pouvez :
- Commencer par l’utiliser en masturbation solo, pour que chacune apprenne ce qu’elle aime.
- L’introduire progressivement dans vos rapports, en gardant vos gestes habituels, vos caresses, vos baisers comme base principale.
- Varier les contextes : lumières, positions, rythmes, pour voir où il s’intègre le mieux.
- En parler ensuite, à froid : “Qu’est-ce que tu as aimé ? Qu’est-ce qui t’a moins plu ? Est-ce qu’on change quelque chose pour la prochaine fois ?”.
Le meilleur indicateur que vous avez bien choisi votre sextoy en couple lesbien, ce n’est pas la puissance des vibrations ni la taille du gode, mais le fait que vous ayez envie de le ressortir, que vous n’ayez pas honte d’en parler, et qu’il nourrisse votre complicité plutôt que de créer des comparaisons ou des tensions silencieuses.
Au fond, un sextoy bien choisi n’est pas un substitut à ce que vous n’auriez pas. C’est un prolongement de ce que vous êtes déjà capable de partager : le désir, la curiosité, la tendresse et l’attention aux limites de chacune.
Karine